• Le décret du 23 février 2007 inaugure une nouvelle approche des Parcs Nationaux situés entre nature et société, patrimoine et réflexion sur la diversité des fonctionnements des écosystèmes et des habitats qui sont inféodés.

    Pour le Grand Est à appréhender dans sa dimension transfrontalière, retenir un projet de Parc National de Forêt Feuillue de Plaine sur le Verdunois s’avère être une chance, une belle opportunité  pour ce territoire. In fine, c’est encore un moyen de s’approprier un outil de rayonnement afin d’affirmer, de marquer et assurer la reconnaissance de la qualité des sylvosystèmes locaux, en particulier celui des hêtraies climaciques. Ce territoire pétri et meurtri d’histoire a été soumis à une alternance biogéographique originale, atypique, anthropique, avec l’épisode de la création, puis de l’étape précoce de maturité, enfin du remplacement progressif, encore en cours, des repeuplements forestiers de la Zone Rouge et de ses marges. Il s’agit d’une phase très originale de cicatrisation bien engagée mais non finie, étalée sur plus d’un siècle.

    Le legs de l’histoire se conjugue aux effets des faibles densités pour tourner en avantage un handicap initial subi. La conjonction des deux données évoquées crée localement des conditions rarement concrétisées au sein de l’Europe médiane des espaces pleins. Ici sont offertes des échelles d’espaces suffisamment vastes et variées pour répondre aux nouveaux critères des Parcs. Il s’agit de pouvoir disposer d’un périmètre de Réserve Intégrale étendu sur au moins 3000 hectares, d’un Cœur de Parc couvrant 7000 hectares et encore de territoires périphériques organisés selon le principe de la gouvernance, avec des formes de démocratie ascendante structurée autour de la rédaction d’une charte exigeant l’adhésion des communes.

    Le projet de Parc National de Forêt Feuillue de Plaine s’inscrit dans une de nos pages d’histoire les plus mémorables et mémoriales. Ce choix devrait conforter et amplifier la place et le respect à  apporter aux polémopaysages (paysages de guerre) qui, au fil du temps, sont devenus des symboles de paix, de rapprochement, de tolérance. Le retour à un fonctionnement plein, pérenne et de qualité des écosystèmes identitaires et des habitats est un signe de paix définitivement retrouvée, de maturité acquise par le territoire, et forme une sorte de ressaut pour conserver et faire vivre dans notre temps le cycle complexe, non linéaire et heurté des sylvosystèmes.

    Jean-Pierre Husson

    Professeur  des Universités à Nancy 2,
    Membre du Groupe d’Histoire des forêts françaises,
    Membre de l’Académie de Stanislas.


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